Il y a des moments que j’aimerais peindre, que j’aimerais savoir peindre.
Celui ci aurait de magnifiques couleurs fauves.
Je suis à la table du Chardon avec deux amis.

Oui, le Chardon est une des raisons du nom de ce blog. C’est un resto fascinant au principe fort, des cuisiniers du monde entier, de tout les horizons, prennent le contrôle des fourneaux, marquent les esprits pendant un petit mois et puis repartent comme ils sont venus.
Et une équipe permanente s’occupe du service et de la partie cave.
Et ils font ça bien! Du vin nature, des choses qui détonnent. Avec de belles propositions niveau accords mets/vins faites par l’équipe. Une magnifique entrée en matière, pour moi, dans le vin vivant donc.
Le repas avance, c’est une cheffe palestinienne, on a toute la méditerranée dans nos assiettes. Ça aurait pu s’arrêter là, 3 plats c’était déjà parfait.
Et puis le 4 ème arrive, et puis y a un petit regard accrocheur. On nous remplit nos verres. Une magnifique couleur, un parfum d’automne au milieu de la chaleur folle du mois d’août.
On nous sert une explication parfaite sur ce vin blanc macéré, ces « raisins blancs qu’on vinifie comme on vinifierait un rouge ». Ha oui! Parce que moi je découvre ce que c’est le vin orange y a moins d’un an hein. Paie ton blog. Parait que c’est une mode, parait que sur Instagram y en a dans tout les sens.
C’est les miens de sens qui sont chamboulés. Forcément ça ressemble à rien que je connais. Jeu fascinant de se souvenir un an après du gout, d’essayer de dépasser les émotions qui restent. En mémoire un quelque chose légèrement sucré avec des fortes notes brûlées. Ca chauffe les joues, ça donne de la joie. Mes, maigres, expériences suivantes avec du vin orange m’amèneraient à penser qu’il devait y avoir de l’amertume dans tout ça. Je n’en ai plus souvenir. Peut être pas. Reste l’idée. Un vin qui accroche joliment le palais, laisse une chaleur sucrée rassurante, le tout jamais écœurant grâce à une magnifique acidité qui laisserait presque une impression pétillante.
Un vin orange.
Quelques mois plus tard, à la recherche de ce gout pour rattraper les émotions justement, je retournerai tout facebook pour trouver un contact capable de me donner le nom de ce vin. J’en suis pas fier .. Ce sera Thomas, qui dans notre discussion se présentera comme le responsable artistique de la cave du Chardon.
C’était l’Orangeade d’Opi d’aqui, situé à Clermont l’Hérault. Autant dire que ça vaudrait le coup d’y faire un tour.
« l’envie de faire le beau, le bon«
Et depuis j’ai une espèce d’obsession pour le vin orange que j’essaie de contenir un peu. Je voudrai pas que cette petite magie, cette surprise disparaisse. Donc j’en boit peu et de préférence le plus naturel possible. Je veux qu’en boire reste un petit choc.
D’ailleurs, je vais encore évoquer à la volée le domaine Milan dans les Alpilles mais leur vin orange , Luna et Gaia est une petite merveille d’amertume.
J’ai déjà cette capacité à me créer une mythologie d’un rien, d’un verre, d’une discussion qui l’accompagne. Si en plus je suis aidé par les événements..
Dans cette lente découverte du vin nature y a un coup d’accélérateur quand je me retrouve à Gaillac, voir Plageoles. La veille une crise de curiosité me prend, je tape bêtement quelque chose comme « vin nature » sur Google. Je tombe sur le très bon, et très abandonné, du morgon dans les veines. Premier article, un petit texte sur un bar à Venise. Déjà je meurs d’envie d’y être. Le nom Radikon passe vite fait sous mes yeux.
Le lendemain je suis à Gaillac, « notre Toscane à nous » dira Monsieur Plageoles avant de nous faire passer par sa cave perso. Une bouteille de Radikon y traine. J’aurais pu rester des heures dans ce 4 mètres carrés je crois, le sol jonché de bouteilles toutes avec une belle histoire derrière.
Et puis je suis coquin, j’y retourne au chardon. Le chef a changé donc, un Gallois, on nous propose un menu « Meat-free » fait sur mesure. Je me fais petit quand Thomas me demande ce que je veux boire. Je vous ai précisé que j’ai harcelé au moins trois employés du Chardon, vers trois heures du mat’? …
Et je me retrouve avec un vin orange du Jura dans le verre. Est ce que j’ai oublié de demander le nom du vigneron? Oui. Est ce que je me retiens d’aller sur Facebook depuis? Oui.
C’est beaucoup plus oxydatif, je pense à du pain d’épice. Des épices y en a d’ailleurs, un souvenir de cannelle. Dans l’assiette juste des asperges et une sauce au parmesan. Sans aucun emballement, le meilleur plat de ma petite vie. Une courte discussion avec Thomas alors que je reprends un verre. S’il y a autant de vin orange ici au chardon c’est parcequ’il en est un peu fou. Depuis une dégustation de Radikon ..
Mais bon sang! C’est quoi ce Radikon?
C’est en Italie, et encore … C’est tout contre la Slovénie. Et il semblerait bien que ce soit des papa du vin orange, du vin absolument nature sans une once de souffre ou d’intrants.
C’est le sommet d’une mythologie commencée un an plus tôt. C’est un an d’envie et de découverte. C’est le truc que sans doute je boirais jamais parce que c’est devenu un idéal.
Quelques semaines passent.
Je rentre dans une cave au milieu du Chianti
Contre un mur, plus occupé par une bibliothèque de classiques Latins que par du vin.
Du Radikon
Et je crois que finalement j’aime bien l’idée que cette histoire se « finisse », dans les Costières de Nîmes, avec mes deux amis qui étaient là au Chardon.
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