Une Semaine Orange

Je suis pas bien sur de comment on est arrivé de ma bête question, « on fait du vin nature en Angleterre? », à boire autant de vins français, italien, sud africain…

Mais force est de constater que c’est le chemin qu’une semaine à Brighton a pris.

Une semaine très orange.

Ça commençait simplement, un verre de Frekt, domaine Lammidia. On est dans les Abruzzes, j’y étais y a pas si longtemps, ça ressemblait au paysage, très vert pour un vin orange, un quelque chose plus près de l’herbe fraiche que des fleurs blanches.

Et puis l’idée germe, on est plusieurs à prendre des verres, on pourrait prendre une bouteille. La carte est bien trop géniale pour choisir logiquement, ce sera mon cri du coeur « Je veux goûter du vin orange pétillant ».

Oui ça existe. Oui c’est génial. Escale en République Tchèque. Domaine Korab, l’orange pet’nat. Parmi les toutes meilleures choses que j’ai bu. Le plaisir immédiat et la fraîcheur des bulles, les épices et la complexité du vin orange. Combo gagnant. Ça a une robe incroyable en plus.

« On peut amener une bouteille et la boire ici? » Un québécois qui amène une bouteille achetée deux jours plus tôt au nord de l’Italie dans un bar anglais. C’est oui. Uis Blancis de Denis Montanar, on est pas loin de Radikon, il fait partie de la même école. Et pourtant mes pauvres repères ne comprenne rien. C’est d’une douceur… Aucune amertume, les tanins laissent une sensation laiteuse. C’est facile à boire, ça ne se réfléchit pas.

Et puis des verres en vrac, pour finir la soirée, pour continuer à découvrir le vin orange, No Milk Today du domaine des bottes rouges, dans le Jura. Visiblement on y fait du vin orange aussi bien que du vin jaune. La filliation est là d’ailleurs, c’est très oxydatif, ça réveille. Tragolargo, Espagne, Alicante. On dirait du rouge tellement ça fait vin du sud qui tache. Peut être celui qui m’a le moins plu dans tout ça. Très, trop, boisé, vanillé. Ça met superbement le doigt sur la richesse et l’étrangeté de ces vins à la couleur étrange par contre.

S’il y a eu d’autres verres que du orange, du vin blanc sud africain, du rouge australien je parlerais juste ici d’une entorse au orange. Le Masieri d’Angiolino Maule. Relativement connu pour dire à qui le veut qu’il n’aime pas le vin orange. Souvent avec un regard cryptique en servant un verre de Garganega son … vin blanc macéré. Son vin orange donc. Parce que c’est bien ça le vin orange, du vin blanc qu’on a vinifié comme du vin rouge, avec la grappe et la peau, qu’on a laissé macérer. Un certain temps. Et comme pour tout il y a plusieurs méthodes. Et si la majorité du monde se réfère au travail de quelques gars comme Radikon et Gravner, Maule préfère en prendre ses distances. Ici c’est son vin blanc classique que j’ai bu, ça laisse rêveur tellement c’est riche, plein de fruits. Le vin blanc le plus « plein » que j’ai pu boire.

Et en transition le Divide du domaine Dva Duby, retour en république Tchèque. Un vin blanc avec une toute légère macération de quelques heures. Un entre deux, pas encore tout à fait orange, plus vraiment blanc. De toute façon il n’y pas de vrai définition au vin orange. Faisons comme Dva Duby et parlons de vin de terroir. Enfin c’est excellent quoi que ce soit.

On finit avec deux pépites? Deux vins français?

Sextant Skin Contact de Julien Altaber. « A caraffer absolument ». Bien. Pourquoi? Question de tanins, d’alcool. Ce serait un vin de garde exceptionnel à garder pour des décennies. Ici on boit le 2015. Par curiosité et avec cette idée « un bon vin il est bon vieux il est bon jeune » je teste avant et après carafage. Qu’est ce qui change? Avant on est vraiment attaqué par l’alcool, un alcool plus typé alcool blanc que vineux. Suivi par cette impression de pain d’épice qui ne me quitte plus depuis que j’ai bu du Radikon. Après un passage en carafe l’alcool se mélange au reste, le pain d’épice s’envole pour laisser des fruits. L’impression de croquer dans un abricot un peu confit. Phénoménal.

Le sa vient d’ou de Jean-Francois Ganevat. Retour dans le Jura. Mais tout l’inverse du No Milk Today. Très peu oxydatif, une sucrosité folle, le raisin blanc. J’aime cette idée d’avoir l’impression de croquer dans le fruit. Elle n’a jamais été aussi vrai. De croquer dans le raisin blanc, avec la peau, l’impression qu’elle se détache du fruit et le gout de la chair du raisin qui apparaît. On est passé par des bulles, des robes rosées, du terroir, du pain d’épice. On finit par le fruit. En toute simplicité.

Très simplement.

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