La Divigne, un dernier verre?

« Bon, un dernier verre et on va se coucher »

Le principe était simple, on se pointe à 20h avec mon amie, on fait la dégustation de deux vignerons, on mange en buvant l’un de leurs vins, on passe un bon moment, on rentre.

On avait pas prévu qu’on rentrerait le lendemain à 8h, ni que ce serait la dernière fois avant un petit moment qu’on sortirait comme ça. On se doutait qu’on allait bien boire, mais pas aussi bien.

Petit récit d’une bonne soirée.


Les invités d’honneur ce sont les responsables de ces quilles là. Lori du domaine du Petit Oratoire coté garrigue gardoise et Simon du Hameau Touche Boeuf pas loin de Condrieu. On commence par son blanc? Viognier, Marsanne, Roussane et Cugnette. L’explosion de saveur du Viognier mais sans lourdeur, vif, tranchant. Puis son blanc de macération, même assemblage, même sensation avec plus de gras, de longueur. Et le rouge? Syrah, Gamay, en grappe entière, ça vient amener une fraîcheur, une fin mentholée. Des tanins qui accrochent un peu aussi, qui marquent.

« Tu devrais vinifier en rafle entière ». Parce qu’on lui a glissé que j’allais essayer de faire du vin cette année, alors Simon il te parle avec une main sur ton épaule parce que « je suis un tout jeune vigneron alors mes conseils tu sais….Fais comme tu le sens ». Et Lori qui approche, qui te regarde droit dans les yeux et dit « Si t’as besoin d’un local pour vinifier compte sur moi ». Comme si on était de vieux potes, comme s’il y avait un lien. Ce lien c’est l’idée, presque au dessus de tout, qu’il faut qu’il y ait des jeunes qui se lancent dans ce métier, dans l’agriculture, dans la terre. « Moi on m’a pas vraiment aidé au début, alors je veux faire tout l’inverse », qu’il faut essayer, qu’il faut sortir une bouteille. Juste une.

Ou alors milles comme le Petit Oratoire! Lori il essaye plein de choses lui. Un vin Partouze mélange de neuf cépages, ni blanc, ni rosé, des longues macérations, des bulles rigolotes et au milieu de tout ça Jajatoes, le blanc festif parfait, clair comme de l’eau de roche. Il faudrait le boire à l’aveugle, s’arrêter un instant en se demandant d’où il vient ce vin, avant de comprendre que ça ne peut que être un fruit de la garrigue, thym, romarin, sarriette. Une tisane de soleil.

Comme on l’aime bien Lori on achète au restaurant/cave/bar une de ses bouteilles, TNT et comme il nous aime bien il vient la siroter avec nous. « y goûte pas mal mon vin quand même non? Moi j’aime bien ». Un pétillant mélange de rouge et de blanc. « Je les emmerde les champenois moi ». Ça pète bien en bouche, c’est bien nerveux. Ça aurait bien conclu la soirée. Comme prévu.

Sauf qu’on est maintenant à table avec deux vignerons et deux barmaids…

Y a des bouteilles qui traînent, on te remplit le verre. Le Pommard de Fanny Sabre, que dire? C’est beau, évidemment, un pinot noir magnifiquement travaillé, une appellation magique, une vigneronne « avec un touché, une sensibilité » selon la propriétaire des lieux. Pas toujours simple d’avoir des mots pour les choses juste belles, sans défaut et donc un peu sans accroche.

Et face à cette bouteille mes souvenirs oublient tout le reste …

Admirez la netteté de cette photo

L’Orangeade c’est triché, l’orangeade c’est branché un cable jack dans ma mémoire et voir le son que ça fait.

J’en parlais ici: Du vin orange? Ce vin c’est mon premier orange, c’est ma première obsession vineuse, c’est une de mes portes d’entrées vers ce monde de sensations. Presque les larmes en voyant cette bouteille. C’est comme ça, les bons vins rappellent les bons moments, les bons moments rappellent les bons vins. D’un seul coup, avec ce vin, on était au cœur de l’été, une chaleur étouffante, des rêves plein la tête. Ou alors on est au début du printemps, un début de musique sort du bar, des rêves en train d’être réaliser.

En un sens je suis content de pas avoir bu ce vin pendant 2 ans, mon palais a changé, des nouveaux souvenirs se sont construit. J’étais content de voir le chemin vineux parcouru. Un peu stressé, est-ce que j’allais aimer ce vin maintenant?

Oui. Oui, oui, oui. Oui!

Pas tout a fait comme mon souvenir doux et facile à boire, mais toujours orange, le zeste même, le coté légèrement râpant des boissons artisanales. C’est peut être pas le gout du vin, et alors? Est-ce un problème? J’en boirais des litres.

Puis, comme si cette soirée avait pour thèmes mes fascinations alcoolisées on passe sur du L’Anglore maintenant:

Le plus beau moment de mon année sera sans doute ce 8 janvier, autour d’un verre de Nizon du même Pfifferling, des mêmes, les enfants donnant désormais la main. Tout leurs vins ont un quelque chose de sublime, la pureté de ce que je crois être les grands vins. Même avec de la musique française des années 90 ce vin est sublime. C’est presque une bonne idée d’ailleurs tant tout les moments avec du l’Anglore touchent a la perfection, passez même du Sardou en même temps, ça ne ruinera rien!

Remarquez qu’on a abandonné toute logique et esthétique de dégustation, maintenant c’est au grès des envies de tout le monde, avec musiques et danses approximatives.

Puis toutes les heures on s’arrête au tour d’une bouteille, on se pose un peu à table, on en discute.

On est peut être resté un peu plus longtemps pour cette bouteille:

Les Grandes Teppes Vieilles Vignes 2010, de Ganevat, à l’aveugle. Nos voisins de table trouvent que c’est du Chardonnay mais sont en Bourgogne, je demande si c’est un vieux millésime, Lori ,lui, a un grand sourire.

« C’est le maitre du Jura »

Que c’est bon. Ganevat aussi il fait parti de mes grands moments de boissons. L’impression d’être dans un best-of de mes goûts. Mon palais explose de plaisir

L’explosion de bulles suit. La maîtresse des lieux aime finir avec un pétillant. Nous aussi.

Alors finissons trois fois:

Je sais pas ce que c’est, j’ai cette photo dans mon téléphone, le gout en tête mais aucune idée d’où sort cette bouteille. Enfin on va se dire que c’est un pétillant naturel venant d’Allemagne. Oui, je suis un gars plutôt malin.

Vin plutôt malin aussi, qui vient te rappeler que c’est d’abord du vin avant d’être un pétillant. Y a de l’alcool, une minéralité et une salinité. Grand vin blanc. Avec des jolies bulles. Bien brut de décoffrage quand même, moins mignon que son étiquette.

Ça vaut un champagne? La question elle est facile, elle a pas beaucoup de sens. De toute façon pas grand chose ne vaut le verre suivant:

Des champagnes nature j’ai la chance d’en boire un certain nombre depuis quelques mois, à Vignerons en Seine on sifflait du Fleury, une dégustation d’Agrapart, le sans soufre de Drappier, un Vouette et Sorbée au nouvel an. Mais ce Ruppert-Leroy! Oh lalala…

Je vais me répéter encore mais j’aime cette idée, clair comme de l’eau de roche. Désaltérant, frais, pur. Oui, pur, encore mais vraiment c’était le dénominateur commun des vins de cette soirée, la précision, la netteté. Et en version Champagne c’est brillant. Le chardonnay dans toute sa splendeur, sa classe, son élégance.

Derrière c’est dur pour le champagne suivant Val Frison de Lalors, on le sifflote en étant bien heureux, en terrasse à 3h du mat mais il manque quelque chose. Lori s’exclame « C’est bouchonné ça », tout en dansant. C’est insupportable ces gens capable de sentir ça à cette heure, dans ce stade d’ébriété. Un peu impressionnant aussi. C’est vrai, c’est bouchonné. Léger gout de carton.

On va se coucher du coup?

« Encore un dernier verre? »

Du bout des lèvres, un whisky gourmand. Intravagan’za de Couvreur. J’y pige rien à cette boisson mais ça se boirait trop facilement cette histoire.


Le mieux c’est sans doute que le lendemain on s’est réveillé à 8 heures, sans douleur, marché tranquillement dans les belles rues de Villeneuve lez Avignon…

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s