On rentre, on passe par le salon, on pourrait s’attarder dans le canapé, on se retrouve sur la terrasse, on pourrait plonger dans la piscine, on s’installe à table, on pourrait en prendre une autre.
Encore que. Avant de rentrer j’ai eu une petite appréhension, « Maison » ça pourrait être pour un palace, on parle bien de « grandes maisons » dans le milieu du luxe. On est à Maussane au cœur des Alpilles branchées, c’est pas la Cote d’Azur mais trouver un lieu sincère où manger devient vite difficile.
Et puis, au tournant d’une petite rue, près des platanes …
Sincère. Ça me parait l’adjectif le plus logique, le mot le plus évident. Pas de mise en scène, t’as Claire et Julien, le chien, les légumes du potager. Et c’est parfait.
Enfin ça c’est le decorum. L’important c’est l’assiette, qui est magnifique d’accord, comme les couverts d’ailleurs. Mais en plus c’est bon. Et là on arrête tout. Moi parler de nourriture j’en suis encore moins capable que parler de vin, c’est dire. Mais là à tout moment je pars dans mes surenchères et mes superlatifs alors je vais me retenir.
Mais il est possible qu’on ait chuchoté une fois ou deux qu’on avait jamais aussi bien mangé…
Il fallait un vin qui s’accorde avec ça
Sincérité, cuisine de produit, 35 à l’ombre, courgette et piscine?
Toscane
Je l’ai déjà dit en long, en large, en travers, j’aime l’Italie, j’aime la Toscane, la Toscane me manque et j’aime à imaginer que d’une manière ou d’une autre je manque à la Toscane ..
Massa Vecchia « petit domaine en taille, immense en réputation » selon Claire
On est dans l’immense oui. Dans le beau. Le vrai, celui qui n’est pas aguicheur, boisé ou sucré. Celui qui n’a pas besoin d’être dans l’exubérance ou le sexy. Le beau discret et mystérieux.
En toute légèreté, l’envie d’en reboire à l’infini mais tu profites de cette longueur, de la bouche fraîche que ça laisse alors la bouteille descend lentement finalement. Tu en profites tout le repas. Il est comme chez lui sur un plat de « ravioli façon aubergine à la parmesane », il devient plus charnel et structurel quand arrive le maigre de méditerrané et ses champignons aux goûts prononcés, épicé sur le chèvre et tout doux pour finir avec le dessert.
Le vin généreux qui n’écrase jamais les autres plats, qui profite des silences pour devenir aérien, qui relance la discussion quand il le faut, qui amène un sourire aux lèvres toujours.
Instantanément un de mes vins préférés. Un vin qui ralentit le temps pour mieux en profiter.
L’élégance, la richesse, la finesse.
Et l’envie de retourner en Italie. Evidemment.
Même si on est pas si mal au pied des Alpilles.. On partira demain, ou plus tard. Il y a le temps.
Hors du temps, des pandémies, de la chaleur folle, de la vie qui court et des soirée qui passe trop vite.
Le principe était simple, on se pointe à 20h avec mon amie, on fait la dégustation de deux vignerons, on mange en buvant l’un de leurs vins, on passe un bon moment, on rentre.
On avait pas prévu qu’on rentrerait le lendemain à 8h, ni que ce serait la dernière fois avant un petit moment qu’on sortirait comme ça. On se doutait qu’on allait bien boire, mais pas aussi bien.
Petit récit d’une bonne soirée.
Les invités d’honneur ce sont les responsables de ces quilles là. Lori du domaine du Petit Oratoire coté garrigue gardoise et Simon du Hameau Touche Boeuf pas loin de Condrieu. On commence par son blanc? Viognier, Marsanne, Roussane et Cugnette. L’explosion de saveur du Viognier mais sans lourdeur, vif, tranchant. Puis son blanc de macération, même assemblage, même sensation avec plus de gras, de longueur. Et le rouge? Syrah, Gamay, en grappe entière, ça vient amener une fraîcheur, une fin mentholée. Des tanins qui accrochent un peu aussi, qui marquent.
« Tu devrais vinifier en rafle entière ». Parce qu’on lui a glissé que j’allais essayer de faire du vin cette année, alors Simon il te parle avec une main sur ton épaule parce que « je suis un tout jeune vigneron alors mes conseils tu sais….Fais comme tu le sens ». Et Lori qui approche, qui te regarde droit dans les yeux et dit « Si t’as besoin d’un local pour vinifier compte sur moi ». Comme si on était de vieux potes, comme s’il y avait un lien. Ce lien c’est l’idée, presque au dessus de tout, qu’il faut qu’il y ait des jeunes qui se lancent dans ce métier, dans l’agriculture, dans la terre. « Moi on m’a pas vraiment aidé au début, alors je veux faire tout l’inverse », qu’il faut essayer, qu’il faut sortir une bouteille. Juste une.
Ou alors milles comme le Petit Oratoire! Lori il essaye plein de choses lui. Un vin Partouze mélange de neuf cépages, ni blanc, ni rosé, des longues macérations, des bulles rigolotes et au milieu de tout ça Jajatoes, le blanc festif parfait, clair comme de l’eau de roche. Il faudrait le boire à l’aveugle, s’arrêter un instant en se demandant d’où il vient ce vin, avant de comprendre que ça ne peut que être un fruit de la garrigue, thym, romarin, sarriette. Une tisane de soleil.
Comme on l’aime bien Lori on achète au restaurant/cave/bar une de ses bouteilles, TNT et comme il nous aime bien il vient la siroter avec nous. « y goûte pas mal mon vin quand même non? Moi j’aime bien ». Un pétillant mélange de rouge et de blanc. « Je les emmerde les champenois moi ». Ça pète bien en bouche, c’est bien nerveux. Ça aurait bien conclu la soirée. Comme prévu.
Sauf qu’on est maintenant à table avec deux vignerons et deux barmaids…
Y a des bouteilles qui traînent, on te remplit le verre. Le Pommard de Fanny Sabre, que dire? C’est beau, évidemment, un pinot noir magnifiquement travaillé, une appellation magique, une vigneronne « avec un touché, une sensibilité » selon la propriétaire des lieux. Pas toujours simple d’avoir des mots pour les choses juste belles, sans défaut et donc un peu sans accroche.
Et face à cette bouteille mes souvenirs oublient tout le reste …
Admirez la netteté de cette photo
L’Orangeade c’est triché, l’orangeade c’est branché un cable jack dans ma mémoire et voir le son que ça fait.
J’en parlais ici: Du vin orange? Ce vin c’est mon premier orange, c’est ma première obsession vineuse, c’est une de mes portes d’entrées vers ce monde de sensations. Presque les larmes en voyant cette bouteille. C’est comme ça, les bons vins rappellent les bons moments, les bons moments rappellent les bons vins. D’un seul coup, avec ce vin, on était au cœur de l’été, une chaleur étouffante, des rêves plein la tête. Ou alors on est au début du printemps, un début de musique sort du bar, des rêves en train d’être réaliser.
En un sens je suis content de pas avoir bu ce vin pendant 2 ans, mon palais a changé, des nouveaux souvenirs se sont construit. J’étais content de voir le chemin vineux parcouru. Un peu stressé, est-ce que j’allais aimer ce vin maintenant?
Oui. Oui, oui, oui. Oui!
Pas tout a fait comme mon souvenir doux et facile à boire, mais toujours orange, le zeste même, le coté légèrement râpant des boissons artisanales. C’est peut être pas le gout du vin, et alors? Est-ce un problème? J’en boirais des litres.
Puis, comme si cette soirée avait pour thèmes mes fascinations alcoolisées on passe sur du L’Anglore maintenant:
Le plus beau moment de mon année sera sans doute ce 8 janvier, autour d’un verre de Nizon du même Pfifferling, des mêmes, les enfants donnant désormais la main. Tout leurs vins ont un quelque chose de sublime, la pureté de ce que je crois être les grands vins. Même avec de la musique française des années 90 ce vin est sublime. C’est presque une bonne idée d’ailleurs tant tout les moments avec du l’Anglore touchent a la perfection, passez même du Sardou en même temps, ça ne ruinera rien!
Remarquez qu’on a abandonné toute logique et esthétique de dégustation, maintenant c’est au grès des envies de tout le monde, avec musiques et danses approximatives.
Puis toutes les heures on s’arrête au tour d’une bouteille, on se pose un peu à table, on en discute.
On est peut être resté un peu plus longtemps pour cette bouteille:
Les Grandes Teppes Vieilles Vignes 2010, de Ganevat, à l’aveugle. Nos voisins de table trouvent que c’est du Chardonnay mais sont en Bourgogne, je demande si c’est un vieux millésime, Lori ,lui, a un grand sourire.
« C’est le maitre du Jura »
Que c’est bon. Ganevat aussi il fait parti de mes grands moments de boissons. L’impression d’être dans un best-of de mes goûts. Mon palais explose de plaisir
L’explosion de bulles suit. La maîtresse des lieux aime finir avec un pétillant. Nous aussi.
Alors finissons trois fois:
Je sais pas ce que c’est, j’ai cette photo dans mon téléphone, le gout en tête mais aucune idée d’où sort cette bouteille. Enfin on va se dire que c’est un pétillant naturel venant d’Allemagne. Oui, je suis un gars plutôt malin.
Vin plutôt malin aussi, qui vient te rappeler que c’est d’abord du vin avant d’être un pétillant. Y a de l’alcool, une minéralité et une salinité. Grand vin blanc. Avec des jolies bulles. Bien brut de décoffrage quand même, moins mignon que son étiquette.
Ça vaut un champagne? La question elle est facile, elle a pas beaucoup de sens. De toute façon pas grand chose ne vaut le verre suivant:
Des champagnes nature j’ai la chance d’en boire un certain nombre depuis quelques mois, à Vignerons en Seine on sifflait du Fleury, une dégustation d’Agrapart, le sans soufre de Drappier, un Vouette et Sorbée au nouvel an. Mais ce Ruppert-Leroy! Oh lalala…
Je vais me répéter encore mais j’aime cette idée, clair comme de l’eau de roche. Désaltérant, frais, pur. Oui, pur, encore mais vraiment c’était le dénominateur commun des vins de cette soirée, la précision, la netteté. Et en version Champagne c’est brillant. Le chardonnay dans toute sa splendeur, sa classe, son élégance.
Derrière c’est dur pour le champagne suivant Val Frison de Lalors, on le sifflote en étant bien heureux, en terrasse à 3h du mat mais il manque quelque chose. Lori s’exclame « C’est bouchonné ça », tout en dansant. C’est insupportable ces gens capable de sentir ça à cette heure, dans ce stade d’ébriété. Un peu impressionnant aussi. C’est vrai, c’est bouchonné. Léger gout de carton.
On va se coucher du coup?
« Encore un dernier verre? »
Du bout des lèvres, un whisky gourmand. Intravagan’za de Couvreur. J’y pige rien à cette boisson mais ça se boirait trop facilement cette histoire.
Le mieux c’est sans doute que le lendemain on s’est réveillé à 8 heures, sans douleur, marché tranquillement dans les belles rues de Villeneuve lez Avignon…
On est le 25 janvier, autant souhaiter joyeux noël aussi. Comme ça c’est fait.
On est le 25 janvier et j’ai envie de manger 2020, de boire cette année, de la fêter et de la célébrer.
2020 j’ai soif, très soif.
Soif de vin, de rencontre, de passion, de discussion, d’action.
Du vin on en parlera, on en boira, on en fera même peut être en 2020. Pourquoi pas? On verra. On traînera dans les vignes, c’est sur, on s’allongera contre, on les embrassera.
En ce moment je taille la vigne, quelque part près de St Rémy de Provence. Ça me donne soif. Soif d’en faire plus, soif de voir les bourgeons débourrer, les feuilles sortir, les raisins mûrir.
Mais pour l’instant la vigne dort, le sol se repose.
Je sais pas si ce billet est trop clair mais j’ai soif. Très.
Et j’arrive pas à me rassasier.
Alors cette bouteille tombe à pic:
Cette quille je la vois depuis un an. Dans toutes les caves où je vais je la vois, je m’arrête toujours un peu devant son étiquette, je me dis (où je m’exclame selon avec qui je suis) qu’il est bien moche ce trait de peinture, puis je pense qu’il fait soif c’est vrai. Mais j’ai la certitude de la retrouver ailleurs cette bouteille, alors je la laisse là.
Et puis, et puis merde, un jour faut bien la prendre, faut bien voir ce qui se cache derrière cette etiquette et cette promesse d’un verre désaltérant.
Déjà ce vin il fait 13,5°. C’est quoi cette histoire? Je voulais un vin rouge léger qui me rappelle l’été, les fruits à venir, l’ombre des feuilles. On a soif d’accord mais on va pas boire ça comme un verre d’eau.
Alors on se penche, un peu hésitant, au bord du verre, on hume un peu. On a bien fait d’être prudent, on aurait pu tomber dedans tellement c’est saisissant, plein de fruit, de fruit d’été, ces baies dont on oublie le gout le temps de l’hiver. C’est presque émouvant d’ouvrir ça en cette saison, ça rappelle des souvenirs qui viennent de passer et des sensations qui reviendront seulement dans quelques mois.
Et en bouche? En bouche on refuse de croire ses yeux qui lisent 13.5°, on ne sait plus quel sens croire
Acidité? Volatile? Savoir faire?
Je sais pas si je comprendrais un jour la magie autour de ces vins bourrés d’alcool qui se boivent comme du petit lait mais c’est souvent mes plus gros coup de coeur.
Celui ci déroge pas à cette règle, bien au contraire.
Enfin tout ce que je voulais vous dire c’était bonne année, ce blog est pas mort je vais encore me pâmer devant quelques bouteilles, et cette année on va faire milles choses. (genre, mais genre faire du vin hein, au cas où l’info soit trop discrète).
« -C’est tellement magnifique l’Italie, les milliers de paysages, de personnes, d’amours.
-Et puis tu verras, chaque voyage que tu y feras tu trouveras une Italie différente. Et puis d’Italie en Italie… Enfin. Tu verras .. »
Lucia et Paulo
L’Italie depuis chez moi c’est pas compliqué
Prenez une courbe de 500 kilomètres, évitez Marseille, mettez y des centaines de tunnels, Gênes comme une tumeur au milieu de cette route magnifique, le littoral méditerranéen
Puis vous y êtes Cinque Terre, la Toscane, le paradis. Ce que vous voulez.
Du coup, perché no?
A venir quelques billets sur un salon du vin orange, une dégustation à l’aveugle improbable de spumante avec un certain Nicola Gatta, le merlot Slovène, l’hospitalité d’un vigneron… Entre autre.
Je sais pas si mes sens sont complètement perdus à 6 heures du matin ou s’ils n’ont jamais été aussi affûtés mais la route entre Arles et St Rémy sentait le miel et le romarin.
Je devais rêver de tisane mais les raisins n’attendent pas.
Premier jour de vendange. Ce sera une parcelle vers Eyragues, « on prend un peu de recul pour mieux voir les Alpilles ». C’est un bon jours pour commencer à ramasser le raisin, de légers nuages et un vent frais nous protègent.
Le raisin à 7h du matin, avec le soleil qui se lève, la peau pleine de rosée…
« Vous avez vu le lever de soleil? Perpendiculaire aux vignes, leurs ombres vers le mas… Les fans de nombre d’or sont aux anges avec cette parcelle…
Enfin c’est magnifique quoi »
Henry Milan
La récompense pour les vendangeurs.
A droite le Grand Blanc 2016, Grenache Blanc, Rolle, Roussanne, Chardonnay et Muscat. « Cette année on devrait avoir un très très grand Blanc, les raisins étaient magnifiques »
A gauche le Kumo 2018, création de Théo Milan, dont la mise en bouteille vient juste de se faire. « 100% Grenache, on a été surpris par sa fraîcheur et sa simplicité. C’est le millésime qui est comme ça. »
En bouche aucune acidité, c’est désaltérant, ce gout de grenadine que l’Anglore peut avoir.
Juste de la fraicheur. Avec un léger fond un peu sombre, un peu plus complexe.
Un joli nuage
Par pudeur je vais faire l’impasse sur mes mains déchiquetées, mon dos qui hurle un peu.
Et on va garder le plaisir d’être dans les vignes, de participer, même juste un peu, à des magnifiques vins, au pied d’un endroit que j’adore…
» Je me réveille le matin, je suis en accord avec moi même. Je respecte une terre magnifique, vinifie des raisins sains, je vends des vins que j’aime »
Théo Milan
Je me réveille le matin je suis en accord avec moi même. Je fais les vendanges.
Il y a des moments que j’aimerais
peindre, que j’aimerais savoir peindre.
Celui ci aurait de magnifiques couleurs
fauves.
Je suis à la table du Chardon avec deux amis.
Oui, le Chardon est une des raisons du nom de ce blog. C’est un resto fascinant au principe fort, des cuisiniers du monde entier, de tout les horizons, prennent le contrôle des fourneaux, marquent les esprits pendant un petit mois et puis repartent comme ils sont venus.
Et une équipe permanente s’occupe du service et de la partie cave.
Et ils font ça bien! Du vin nature, des choses qui détonnent. Avec de belles propositions niveau accords mets/vins faites par l’équipe. Une magnifique entrée en matière, pour moi, dans le vin vivant donc.
Le repas avance, c’est une cheffe palestinienne, on a toute la méditerranée dans nos assiettes. Ça aurait pu s’arrêter là, 3 plats c’était déjà parfait.
Et puis le 4 ème arrive, et puis y a un petit regard accrocheur. On nous remplit nos verres. Une magnifique couleur, un parfum d’automne au milieu de la chaleur folle du mois d’août.
On nous sert une explication parfaite sur ce vin blanc macéré, ces « raisins blancs qu’on vinifie comme on vinifierait un rouge ». Ha oui! Parce que moi je découvre ce que c’est le vin orange y a moins d’un an hein. Paie ton blog. Parait que c’est une mode, parait que sur Instagram y en a dans tout les sens.
C’est les miens de sens qui sont chamboulés. Forcément ça ressemble à rien que je connais. Jeu fascinant de se souvenir un an après du gout, d’essayer de dépasser les émotions qui restent. En mémoire un quelque chose légèrement sucré avec des fortes notes brûlées. Ca chauffe les joues, ça donne de la joie. Mes, maigres, expériences suivantes avec du vin orange m’amèneraient à penser qu’il devait y avoir de l’amertume dans tout ça. Je n’en ai plus souvenir. Peut être pas. Reste l’idée. Un vin qui accroche joliment le palais, laisse une chaleur sucrée rassurante, le tout jamais écœurant grâce à une magnifique acidité qui laisserait presque une impression pétillante.
Un vin orange.
Quelques mois plus tard, à la recherche de ce gout pour rattraper les émotions justement, je retournerai tout facebook pour trouver un contact capable de me donner le nom de ce vin. J’en suis pas fier .. Ce sera Thomas, qui dans notre discussion se présentera comme le responsable artistique de la cave du Chardon.
C’était l’Orangeade d’Opi d’aqui, situé à Clermont l’Hérault. Autant dire que ça vaudrait le coup d’y faire un tour.
« l’envie de faire le beau, le bon«
Et depuis j’ai une espèce d’obsession pour le vin orange que j’essaie de contenir un peu. Je voudrai pas que cette petite magie, cette surprise disparaisse. Donc j’en boit peu et de préférence le plus naturel possible. Je veux qu’en boire reste un petit choc.
D’ailleurs, je vais encore évoquer à la volée le domaine Milan dans les Alpilles mais leur vin orange , Luna et Gaia est une petite merveille d’amertume.
J’ai déjà cette capacité à me créer une mythologie d’un rien, d’un verre, d’une discussion qui l’accompagne. Si en plus je suis aidé par les événements..
Dans cette lente découverte du vin nature y a un coup d’accélérateur quand je me retrouve à Gaillac, voir Plageoles. La veille une crise de curiosité me prend, je tape bêtement quelque chose comme « vin nature » sur Google. Je tombe sur le très bon, et très abandonné, du morgon dans les veines. Premier article, un petit texte sur un bar à Venise. Déjà je meurs d’envie d’y être. Le nom Radikon passe vite fait sous mes yeux.
Le lendemain je suis à Gaillac, « notre Toscane à nous » dira Monsieur Plageoles avant de nous faire passer par sa cave perso. Une bouteille de Radikon y traine. J’aurais pu rester des heures dans ce 4 mètres carrés je crois, le sol jonché de bouteilles toutes avec une belle histoire derrière.
Et puis je suis coquin, j’y retourne au chardon. Le chef a changé donc, un Gallois, on nous propose un menu « Meat-free » fait sur mesure. Je me fais petit quand Thomas me demande ce que je veux boire. Je vous ai précisé que j’ai harcelé au moins trois employés du Chardon, vers trois heures du mat’? …
Et je me retrouve avec un vin orange du Jura dans le verre. Est ce que j’ai oublié de demander le nom du vigneron? Oui. Est ce que je me retiens d’aller sur Facebook depuis? Oui.
C’est beaucoup plus oxydatif, je pense à du pain d’épice. Des épices y en a d’ailleurs, un souvenir de cannelle. Dans l’assiette juste des asperges et une sauce au parmesan. Sans aucun emballement, le meilleur plat de ma petite vie. Une courte discussion avec Thomas alors que je reprends un verre. S’il y a autant de vin orange ici au chardon c’est parcequ’il en est un peu fou. Depuis une dégustation de Radikon ..
Mais bon sang! C’est quoi ce Radikon?
C’est en Italie, et encore … C’est tout contre la Slovénie. Et il semblerait bien que ce soit des papa du vin orange, du vin absolument nature sans une once de souffre ou d’intrants.
C’est le sommet d’une mythologie commencée un an plus tôt. C’est un an d’envie et de découverte. C’est le truc que sans doute je boirais jamais parce que c’est devenu un idéal.
Contre un mur, plus occupé par une bibliothèque de classiques Latins que par du vin.
Du Radikon
Et je crois que finalement j’aime bien l’idée que cette histoire se « finisse », dans les Costières de Nîmes, avec mes deux amis qui étaient là au Chardon.