L’anglore, le mythe..

Il y a une chose géniale dans le monde du vin, c’est que je ne suis pas le seul à y mettre une grande dose de mythologie, d’histoire, d’excès..

De la démesure des châteaux Bordelais et des millésimes de Champagne à la folie du nouveau monde californien.

Dans le petit monde du vin nature il y a ces espèces de légendes, ces vieux sages comme Lapierre ou Callcut. Et puis il y a des petits nouveaux, qui ont explosés avec le vin nature, parfois juste avant, juste au bon moment pour se faire un grand nom, pour se vendre par hectolitre dans le monde entier.

C’est l’image que j’avais du travail de Pfifferling. En seulement quelques mois de passion pour le vin son nom est revenu tellement de fois, toujours comme si je connaissais forcément ses bouteilles. De Nimes à Brighton en passant par le Chianti il est dans la bouche de ceux qui aiment le vin nature, il fait partie de ce paysage. Il l’a peut être même un peu façonné par son impact.

Au tournant de la décennie son nom devient célèbre, il est sur toutes les tables parisiennes à la mode, les cavistes vendent ses bouteilles au compte goutte pour que tout le monde puisse en avoir. Je suis pas bien sur de comprendre s’il a profité d’une hype folle autour des vins natures ou s’il a participé à la créer.

C’est ce que je savais de lui. Finalement peu de choses, rien de réellement important, rien qui touche réellement à son travail. Avant d’acheter une de ses bouteilles, Véjade, sans réellement y penser. A ma demande d’avoir un bon rosé vif, « d’été », après l’évidence Terre des Chardons (…) pour le caviste il y avait les vins du domaine l’Anglore. Encore un qui m’en parle, mais très simplement, presque comme des vins pas prise de tête. Il y a quelques cuvées devant mes yeux, il me conseille de commencer par ce Véjade donc.

Je rentre chez moi, jette un oeil sur internet, voit qu’il est classé sur tout les sites comme un vin rouge, maudis un peu mon caviste, me dit que dans la discussion mon envie de départ s’est perdu. Je me retrouve avec un l’Anglore. Tant pis, la bouteille dormira quelques jours, quand j’aurais envie de rouge.

Et quelques semaines plus tard, je vais chez des amis, un l’Anglore à la main. J’ai une espèce de stress incontrôlable. J’en entends tellement parler comme d’un classique des vins natures, en Angleterre son nom était sur toutes les lèvres, ils l’évoquaient comme on évoque un mythe, l’air un peu songeur , la voix lourde, un sourire en coin. Alors je panique un peu avec le bouchon, hésite avant de verser dans les verres. Je sais pas, j’ai peur de pas être au niveau de ce vin. C’est ridicule oui.

Et c’est génial.

C’est génial parce que ça a le gout d’un mythe. « L’impression d’ouvrir une malle dans le grenier et de découvrir des histoires insoupçonnées ». Ça a un gout d’aventure, d’enfance et de grenadine.

Un sirop sans aucune acidité avec un alcool magnifique qui ne brûle pas mais sublime les notes de fruits. Le tout joliment voilé par un je ne sais quoi légèrement « vieillot ». Mais dans une version noble du mot, poussiéreux comme le serait un bateau pirate quoi. Du vieillot rock?

Et puis il y une question. C’est du rosé ou du rouge? Ma photo ne rend pas du tout compte de ça mais à la lumière on jurerait que c’est un rosé, ça a le plaisir simple d’un rosé. Mais ça a la profondeur et les tanins d’un rouge. Mon caviste avait pas si tort.

Et une semaine plus tard la propriétaire du Gibolin, resto/bar/cave arlésien remettra encore plus l’Anglore à sa juste place, en nous servant un verre sans rien nous dire, juste pour nous faire goûter ce qu’elle veut dire par « vin d’été », sans même vraiment nous dire ce que c’était. C’était encore une bouteille de Véjade. Bien loin des sites internet qui restreignent son achat à un bouteille par commande.

Bien loin du blingbling que je pouvais craindre.

Comme si ce vin se cachait derrière sa popularité, derrière cette question sur sa couleur qui a fait couler tant d’encres, derrière la passion qu’il inspire à des milliers de gens a travers le monde.

Très près de ce qu’un mythe est réellement.

Une belle histoire pleine de mystère.

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