Un Week-End en Ardèche

C’était très prévisible. Mais donnez moi une région où il fait frais, il y a des vaches, des vallées sinueuses et du vin nature qui coule à flot et je serais heureux. J’étais jamais allé en Ardèche et le samedi matin je me réveille en voyant sur l’appli Raisin qu’il y a un salon de vin à Saint-Pierreville. Même pas le temps de regarder où c’est exactement ce bled que je suis dans la voiture pour trois heures à sillonner entre Cévennes et Ardèche.

Direction Asssoiffé de Nature

Un Week-End en Ardèche

Le salon de vin nature le plus paumé de France cherchez pas c’est là. Prenez une carte, Privas parait pas loin à vol d’oiseau, c’est une heure de route en zigzag, je vous parle même pas de Valence ou Montélimar. Routes magnifiques,évidemment, on croise des ruisseaux, passe des cols, traverse des forêts. Les paysages que j’aime passionnément.

Et au détour d’une route un petit village, un de plus, je me gare, je cherche la salle des fêtes, voit d’autres personnes paumées, les suit, on descend une départemental, un dernier zigzag et on se retrouve devant un chapiteau. Une grosse vingtaine de vignerons de la région, des gens qui s’amusent. Let’s go!

Le Mazel: Les parrains du vin naturel ardéchois, dans ces régions méconnues du vin il y a souvent une locomotive qui a commencé dans les années 80/90, ici c’est Gérald et Jocelyne. « Tout le monde ici est passé, à un moment ou à un autre, au domaine, pour plus ou moins longtemps, faire une vendange, goûter les vins, discuter ». Alors on goûte.

Avec ces entrées de gamme du domaine c’est une espèce d’explication de ce qu’est l’Ardèche et ses cépages. Un viognier précis, loin des exubérances d’arômes que cette variété peut parfois avoir. « Raoul » est un pur carignan de plaisir, qui rafraîchit et éveille le palais, « Briand » est un grenache tout sur la cerise, pareil joli et glouglou. J’imagine qu’ils font des choses plus sérieuses et profondes, ici c’était une entrée de salon nickel, gouleyante et tout sur le plaisir. Ca donne envie de gouter le reste.

Sylvain Bock: Je déguste avec des parisiens qui m’expliquent l’omniprésence de ces vins dans la capitale, Sylvain sourit, « c’est rigolo les modes ». Comme les vins du domaine Mazel c’est précis, très propre, avec une jolie acidité. Pas spécialement élégant mais gourmand, digeste et sourieur. De jolis vins. Encore une fois le blanc « A la Fraiche » est celui qui m’emballe le plus, on l’imagine évidemment parfaitement pour se désaltérer tout l’été, « Bascule » lui est un joli Carignan 2019 qui pète de fruit. Dans le monde du vin nature tout le monde ne jure que par les vins digeste et glouglou mais ils sont finalement si dur à trouver avec une réelle qualité. Ici s’en est un. Nickel

Alors dans un salon tout n’est pas toujours parfait dans le verre, le vin n’est pas toujours à sa place devant la foule et dans des conditions de conservation pas terrible, on peut même imaginer qu’il y ait quelques cuvées pas terribles. Ou bien le vin ne marque pas mon esprit tout simplement, malgré ses grandes qualités. Dans ce rayon là pensées pour « Dithyrambe » du domaine Pierre Rousse qui est un sirop de grenadine parfait mais dont le reste des cuvées me passent au dessus tant ce sont de gros merlot très vert. « Kidiglou » du domaine Badea est une fin de bouteille qui commence à avoir un peu chaud mais qui garde de beaux arômes bien équilibré.

Et, à l’opposée, il y a les rencontres. Un québécois un peu exubérant crie au monde entier qu’il faut aller goûter un Cinsault, alors je vais au stand, le vigneron, Sandro, te prend direct sous le bras comme si on était potes depuis toujours, t’emmène tester ses stands préférés du salon. Domaine de la Sarbèche par exemple. J’en parlais ici l’appellation Saint-Peray est une petite bande de terre dans les Côtes-du-Rhône uniquement de blanc. Et ceux de Sarbèche sont de magnifiques vins, élégants, structurés, qui sortent du lot au milieu d’un salon au niveau moyen très bon mais surtout dans le vin glouglou, fruité et facile à boire.

Toujours guidé par Sandro, je revois Elodie du Clos des Cimes que j’avais déjà eu la chance de croiser. De l’autre coté du Rhône, au nord du Mont Ventoux elle produit des vins fins, racés et mordant avec beaucoup de savoir faire et chaque discussion avec elle me donne l’impression d’une rare sensibilité et technicité dans la vinification. La « Timidité des Cimes » est un rouge à la macération courte pour un vin frais et gouleyant là ou « A Fleur de Peau » est une syrah charnue et chaleureuse. Tout ses vins se tiennent, ont le même niveau d’exigence et apporte le même plaisir en bouche. Et puis il y a « l’Elfe Doré » un blanc un peu sucré , un peu pétillant, un peu enfantin. Le vin parfait pour une petite pause près du ruisseau, les pieds dans l’eau.

Grand domaine de mon petit cœur.


Et ce Cinsault alors ? Sandro est la moitié de Trescol é Bouit, son binome étant son vieux pote Jonathan qu’il a poussé à le suivre dans l’aventure vineuse après être tombé en admiration du travail du domaine Dard & Ribo immense nom du nord de la vallée du Rhône. Après de belles découvertes à leurs cotés et d’autres jolis nom du vin que j’aime, ils se lancent, dans le nord de l’Ardèche, tout près du lieu où se tient le salon, avec l’ambition de faire des vins à la même dimensions que leurs aînés.

Et c’est banco, et pas qu’un peu. Un Viognier que c’est du melon tellement que c’est l’été puis un rosé nerveux et tendu. Et les plats de résistances arrivent. Le « St Sôt »… Je suis amoureux de ce cépage et il me le rend bien, celui ci est épicé, gourmand, presque chocolaté. Le jus est mur, plein, suave. Et tu te retrouves vite mur, les verres s’enchaînent, Sandro sort un assemblage 50/50 Syrah/Cinsault « Cylinss 2019 », « on a fait la mise en bouteille y a trois semaines, on attend un peu, chuuut ». Et ça goûte magnifiquement le fruit rouge de la Syrah et l’épice du Cinsault, le fruit rouge du Cinsault et l’épice de la Syrah… Enfin les deux se complimentent parfaitement, c’est fondu, c’est coquin, c’est passionné et passionnant.

Derrière c’est une démonstration d’un juste milieu entre technique et espièglerie. Un Marselan qui n’a rien à faire là et qui rigole d’être en Ardèche, le Grenache rieur, le 100% Syrah qui montre que c’est pas des billes en vin profond et sérieux. Et puis Sandro c’est un des organisateur de ce cirque, il saute un peu partout, vérifie que tout le monde va bien, bois des verres de dégustation de 1L puis te parle pendant 15 minutes de ses pigeages et de l’importance des soutirages.

Après ça c’est définitivement compliqué de tenir la cadence. Et pour les vins et pour moi. Les vins d’Andra Calek autre petite star de cette Ardèche nature, une des raisons de ma venue ici, ne m’impressionnent pas. « Babiole » est un joli vin qui se moque bien de la starification que tu fais de son petit producteur, un vin tout simple, pas impressionant, discret, presque absent. Une babiole mignonne.

Je passe de jolis St-Joseph en jolis Cornas, le niveau moyen de ce salon est quand même très élevé. L’Ardèche c’est aussi la classe des Côtes-du-Rhône nord, la Syrah magnifique de l’Hermitage, qui enveloppe tout le palais, une texture onctueuse et des tanins soyeux. Mais bon, à la fin tout se ressemble, si j’étais venu avec l’envie sérieuse de déguster, de noter dans mon petit carnet, je me retrouve vite emporté, ça déconne entre ardéchois et québécois, le ruisseau devient un terrain de batailles navales. On est sous un cirque après tout.

Au milieu de cette belle folie un domaine sort du lot. J’en parlerais ailleurs, bientôt, tellement il est hors du temps et du moment et que c’est une rencontre marquante pour moi. Ici je vous laisse l’Ardèche, la vraie, la folle, la sauvage, la paumée. On reviendra sur l’Ardèche géniale, cérébrale et émouvante.

Là c’est le temps du dernier verre, une bouteille qui traîne par là, « le dernier rang », c’est adapté. Pierre Bourlier quoi que tu fasses continu. C’était méchamment bon.

Une belle carte postale mentale.

Un Week-End Orange

Coup de tête: Action irréfléchie, inspirée par le désir, le caprice, le désespoir…

Ça a quel gout les coups de têtes? Entre le roquefort et le bouquet de vieilles roses.

Non attendez, je me mélange, ça c’est le gout du vin orange?

Tout ça se mélange dans ma tête après ce week-end. J’ai pris la voiture, en me disant que Plaisance c’était pas loin, franchi les kilomètres, la frontière. Puis le nom est joli. Plaisance…

Ce sera l’occasion de boire du vin orange pendant deux jours, de faire mon premier salon, de découvrir des vignerons passionnants, de poser milles questions.

Ça a quel gout le vin orange alors? Éléments de réponses à un salon du vin orange, une trentaine de vignerons et deux jours mémorables


Une vieille ferme « sperimentale » la Faggiola, des italiens les verres pleins d’un liquide orange qui parlent politiques, un vigneron qui joue de l’accordéon en fumant une clope, le décor est posé.

On rentre, l’odeur d’alcool, le bruit de la foule, on se réfugie à l’étage. L’odeur de pain d’épice, le bruit des verres qui s’entrecognent. Haaaa on est bien.

C’est mon tout premier salon alors je m’approche un peu timidement, « qu’est ce que je vais leur dire? », « qu’est ce que je fais si je n’aime pas? », « Qu’est ce que je fais si j’aime trop et que je ne veux plus jamais partir? » ..

Puis finalement, quand un des premiers verres c’est ça, tout va mieux, l’église au milieu du village:

Encore que cette photo ne rend pas du tout grâce à la couleur folle de ce pinot gris. « Mais c’est pas tellement orange? C’est quoi cette couleur tuilé? ». Oooh on va en voir des choses dans ce salon, tout est du vin blanc macéré avec la peau. En terme de palette de couleur on va donc de ce marron à un orange éclatant.

Et en terme de gout? Ce pinot gris c’est du thé noir, c’est sec, très sec, des notes de fleurs séchées, légèrement épicé et une pointe d’oxydation. La première claque du week-end. Il y en aura plein d’autre

Il parait qu’il y avait une trentaine de vignerons, je serais bien incapable de parler de tous, déjà parce qu’on a pas réussi à tous les voir, et puis quel intérêt?

Mes souvenirs ils sont pour Gigi Miracol par exemple et ses vins oxydatifs « laissés un mois au soleil » mais surtout son accordéon et ses jongleries. « Oh c’est toujours comme ça quand il est là, il met l’ambiance »

La timidité et la gentillesse du vigneron de La Poiesa, « Non c’est pas pour la poésie, c’est le nom du terroir ».

Ca pétille un peu en bouche. Pourquoi? « Le vin est comme ça, goûtez cette bouteille, ce sera encore différent. »

Trois bouteilles, même millésime, même cuvée, toutes différentes. Le vin nature, propre mais sauvage. Je sais pas quel gout aura celui que j’ai ramené mais je sais qu’il sera bon

Un crochet par la Slovénie? Pourquoi pas, il y a du fromage sur sa table. UoU, « Consorzio dei vigneti abbandonati », tout en dégustant un parmesan qu’on ne pourrait trouver en France, il nous explique qu’ils s’occupent de vignes abandonnés qu’il sauvent, leurs redonnent une jeunesse puis en font des vins sans ajouts. Si leurs oranges sont très jolis, pleins de fruits exotiques, j’ai eu surtout une belle claque sur le Merlot. « Vous êtes français? Ça va vous plaire ça, comme Petrus! ». On en reparlera. En tout cas je meurs encore plus d’envie d’aller à la frontière Italo-Slovène.

« Je veux prendre une photo avec des français moi! ». Castello di Stefanago à mon avis c’est des faux rigolos. Sous leurs sourires, leurs tapes dans l’épaule et les embrassades ils produisent des vins très sérieux. Nature, sans intrants, sans aucun doute, mais précis. Des « bianco » frais, minéral, tranchant, des pétillants généreux en bulles mais avec une vinosité et une acidité merveilleuse, des « vini macerati » épicés, secs mais qui réussissent à être gourmand. Le rire et le savoir faire.

Puis la merveille des merveilles. « Vendemnia d’Autunno ». Des raisins gorgés du sucre des étés chaud, récoltés le plus tard possible. Une toute légère macération. Et un résultat indescriptible. « On essaie pas de concurrencer vos Yquem ». On est très loin de l’image que j’ai des vins doux, une impression de sécheresse en début de bouche qui vient être résolu par un bonbon qui se pose sur la langue, enveloppe le palais. Ça danse en bouche. Ce vin crée une tension par son entrée et la résout de lui même. C’est peut être pas clair. On avait le palais plein de dizaines de vins, Vendemnia d’Autunno a nettoyé tout ça, légèrement brûlé, juste pour donner envie de boire, avant d’apaiser cette sensation au moment où il se révèle doux. Puis une longueur avec tout le bouquet qu’on les vins de macérations, des épices, du fruit confits. Monstrueux

Autant dire qu’on devait avoir un sourire niais quand il nous a pris dans ses bras pour une photo.

En voyant cette photo je me dis que l’évidence aurait été de lui demander pourquoi ces noms grecs… C’est même pas venu dans la discussion géniale qu’on a eu. Pistis Sophia fait partie de ces vignobles où j’ai pas d’autres mots que « folie » pour en parler. Pourtant c’est le pire mot possible. Sans aucun doute pas une once de folie chez le vigneron, au contraire c’est très sérieux, très sensé, très réfléchi. Mais a Pistis Sophia on magnétise le vin. Les limites de notre italien nous trahissent ici car je suis pas sur de bien comprendre comment. L’objectif à priori est de rendre le vin encore plus vivant, plus riche. Et, au premier verre sans savoir encore tout ça, on s’est exclamé que c’était l’Orange le plus surprenant du salon, extrêmement vert, l’impression de croquer dans des herbes de Provence. « Mais non, c’est très simple ».

Je sais pas mais c’est bon. Et c’est un bon exemple de la douce folie de ce salon, beaucoup de vignerons peu connus, des jeunes qui tentent des choses, des vieux sages qui suivent la tradition et Gigi Miracol qui jouent de l’accordéon à ses vins.

J’imagine que tout ça peut prêter à rire, déjà que le vin nature et peut être encore plus le vin orange font sourire. Ma présentation joue dessus en plus, comme chez Rapatel, je suis désarmé par cette ambiance, ça bouge dans tout les sens, ça bouge les sens, ça pétille d’idées, d’envies et d’énergies. Ça pétille dans nos verres. Parce qu’évidemment l’essentiel, j’imagine, est ce qu’on boit. J’imagine. Et si c’est ça le plus important alors ce salon était une réussite. Si ce qui est réellement essentiel c’est les rencontre alors ce salon était fou.

Mais il fallait bien partir. Oh on avait pas envie. On s’est posé sur une table dehors, pour profiter encore un peu de l’air italien. Un air aux notes épicés et fruité. Je m’abstiendrais bien de répondre à la question « Quel gout ça a le vin orange? », ce serait comme essayer de dire quel gout a le vin blanc. Mais ici à Podenzano on a pu voir la profondeur de la palette de cette couleur.

Et puis le meilleur pour la fin. « Here’s a present for you guys ». Le mec qui nous pose une bouteille de son vin, l’air de rien, c’est Claudio de la Distina. Peut être le vigneron le plus jeune de ce salon, la trentaine, visiblement bien content de voir des jeunes et pas que des « bureaucrats ». Il s’est installé il y a à peine quatre ans, pendant « le pire millésime possible », avec la volonté de faire « tout simplement », les vins qu’il aime.

Ce vin il porte le nom de sa grand mère, il est dans nos verres qu’on porte à nos lèvres, il porte nos sourires tout le long de ce week-end. « And you drink it now, right now! ». Et Claudio s’en va, nous laisse sur la terrasse de la Faggiola. Nous laisse profiter du vin le plus instantané, évident du salon. Une explosion de fruits exotiques, de fruit de la passion, de mangue.

Le vin plaisir.


Mon grand malheur c’est que je ne parle pas de tout le monde. Faute d’être réellement capable de mettre des mots sur des échanges trop court, sur des vins bus alors que j’étais bien trop fatigués. Alors on reviendra sur certain, sur ceux dont j’ai emporté des quilles, sur ceux qui traverseront mes souvenirs par surprise.

J’y reviendrais.

D’Italie en Italie

« -C’est tellement magnifique l’Italie, les milliers de paysages, de personnes, d’amours.

-Et puis tu verras, chaque voyage que tu y feras tu trouveras une Italie différente. Et puis d’Italie en Italie… Enfin. Tu verras .. »

Lucia et Paulo

L’Italie depuis chez moi c’est pas compliqué

Prenez une courbe de 500 kilomètres, évitez Marseille, mettez y des centaines de tunnels, Gênes comme une tumeur au milieu de cette route magnifique, le littoral méditerranéen

Puis vous y êtes Cinque Terre, la Toscane, le paradis. Ce que vous voulez.

Du coup, perché no?

A venir quelques billets sur un salon du vin orange, une dégustation à l’aveugle improbable de spumante avec un certain Nicola Gatta, le merlot Slovène, l’hospitalité d’un vigneron… Entre autre.

Ciao

Une Semaine Orange

Je suis pas bien sur de comment on est arrivé de ma bête question, « on fait du vin nature en Angleterre? », à boire autant de vins français, italien, sud africain…

Mais force est de constater que c’est le chemin qu’une semaine à Brighton a pris.

Une semaine très orange.

Ça commençait simplement, un verre de Frekt, domaine Lammidia. On est dans les Abruzzes, j’y étais y a pas si longtemps, ça ressemblait au paysage, très vert pour un vin orange, un quelque chose plus près de l’herbe fraiche que des fleurs blanches.

Et puis l’idée germe, on est plusieurs à prendre des verres, on pourrait prendre une bouteille. La carte est bien trop géniale pour choisir logiquement, ce sera mon cri du coeur « Je veux goûter du vin orange pétillant ».

Oui ça existe. Oui c’est génial. Escale en République Tchèque. Domaine Korab, l’orange pet’nat. Parmi les toutes meilleures choses que j’ai bu. Le plaisir immédiat et la fraîcheur des bulles, les épices et la complexité du vin orange. Combo gagnant. Ça a une robe incroyable en plus.

« On peut amener une bouteille et la boire ici? » Un québécois qui amène une bouteille achetée deux jours plus tôt au nord de l’Italie dans un bar anglais. C’est oui. Uis Blancis de Denis Montanar, on est pas loin de Radikon, il fait partie de la même école. Et pourtant mes pauvres repères ne comprenne rien. C’est d’une douceur… Aucune amertume, les tanins laissent une sensation laiteuse. C’est facile à boire, ça ne se réfléchit pas.

Et puis des verres en vrac, pour finir la soirée, pour continuer à découvrir le vin orange, No Milk Today du domaine des bottes rouges, dans le Jura. Visiblement on y fait du vin orange aussi bien que du vin jaune. La filliation est là d’ailleurs, c’est très oxydatif, ça réveille. Tragolargo, Espagne, Alicante. On dirait du rouge tellement ça fait vin du sud qui tache. Peut être celui qui m’a le moins plu dans tout ça. Très, trop, boisé, vanillé. Ça met superbement le doigt sur la richesse et l’étrangeté de ces vins à la couleur étrange par contre.

S’il y a eu d’autres verres que du orange, du vin blanc sud africain, du rouge australien je parlerais juste ici d’une entorse au orange. Le Masieri d’Angiolino Maule. Relativement connu pour dire à qui le veut qu’il n’aime pas le vin orange. Souvent avec un regard cryptique en servant un verre de Garganega son … vin blanc macéré. Son vin orange donc. Parce que c’est bien ça le vin orange, du vin blanc qu’on a vinifié comme du vin rouge, avec la grappe et la peau, qu’on a laissé macérer. Un certain temps. Et comme pour tout il y a plusieurs méthodes. Et si la majorité du monde se réfère au travail de quelques gars comme Radikon et Gravner, Maule préfère en prendre ses distances. Ici c’est son vin blanc classique que j’ai bu, ça laisse rêveur tellement c’est riche, plein de fruits. Le vin blanc le plus « plein » que j’ai pu boire.

Et en transition le Divide du domaine Dva Duby, retour en république Tchèque. Un vin blanc avec une toute légère macération de quelques heures. Un entre deux, pas encore tout à fait orange, plus vraiment blanc. De toute façon il n’y pas de vrai définition au vin orange. Faisons comme Dva Duby et parlons de vin de terroir. Enfin c’est excellent quoi que ce soit.

On finit avec deux pépites? Deux vins français?

Sextant Skin Contact de Julien Altaber. « A caraffer absolument ». Bien. Pourquoi? Question de tanins, d’alcool. Ce serait un vin de garde exceptionnel à garder pour des décennies. Ici on boit le 2015. Par curiosité et avec cette idée « un bon vin il est bon vieux il est bon jeune » je teste avant et après carafage. Qu’est ce qui change? Avant on est vraiment attaqué par l’alcool, un alcool plus typé alcool blanc que vineux. Suivi par cette impression de pain d’épice qui ne me quitte plus depuis que j’ai bu du Radikon. Après un passage en carafe l’alcool se mélange au reste, le pain d’épice s’envole pour laisser des fruits. L’impression de croquer dans un abricot un peu confit. Phénoménal.

Le sa vient d’ou de Jean-Francois Ganevat. Retour dans le Jura. Mais tout l’inverse du No Milk Today. Très peu oxydatif, une sucrosité folle, le raisin blanc. J’aime cette idée d’avoir l’impression de croquer dans le fruit. Elle n’a jamais été aussi vrai. De croquer dans le raisin blanc, avec la peau, l’impression qu’elle se détache du fruit et le gout de la chair du raisin qui apparaît. On est passé par des bulles, des robes rosées, du terroir, du pain d’épice. On finit par le fruit. En toute simplicité.

Très simplement.

Une Cave Dans le Chianti

Est ce que je prends un malin plaisir à, en trois jours, parler d’une semaine à Santorin, une journée dans les Alpilles et une semaine en Toscane?

Carrément oui.

Quelques jours dans le Chianti. Il n’a pas fait très beau, tant pis. On se consolera en pâtes, bruschetta et vin.

Si j’ai l’impression que dans la conscience collective le Chianti, le Prosecco et autres jaja italien n’ont pas bonne réputation, des vins de grande surface qui se vendent par hectolitres, pour moi il y a du rêve dans tout ça. Il y a le lieu, il y a le voyage, il y a des phrases de rencontres:

« J’étais dans un bar à Venise »

Alors c’est un peu fébrile que je rentre dans une cave à Radda in Chianti, Enoteca Toscana.

L’inquiétude de tomber sur un magasin pour touriste ou pire d’être pris pour un touriste. La première peur s’envole quand je vois, bien mis en avant une bouteille de Radikon, vin nature dont j’avais entendu parler par plein de personnes de confiance et j’essaie de faire disparaître la seconde en me raccrochant à cette bouteille de vin orange, en jouant au connaisseur.

Je repartirai avec 30 minutes plus tard.

Parce que oui, j’ai eu le droit à trente minutes d’une discussion géniale, à moitié en anglais, à moitié en langue des signes. Sur le vin orange, sur le bio en Italie, sur les Côtes-du-Rhône. Génial de voir son regard plein d’étincelle en parlant des vins français, de ce qu’il importe. Des questions sur le vignoble français. Et mes réponses bégayantes.

Puis viens ma question à moi:

« I’m looking for a good organic chianti maybe natural, around 20 euros »

Son regard change. Bio oui, naturel ça ne se fait pas dans le coin, il faudrait descendre plus bas, vers Sienne et il me parle d’un vin 100% Syrah, juste en dehors du Chianti, 100% naturel. Ça a l’air génial. Mais je redeviens un touriste. Il me faut une bouteille avec marqué bien en gros Chianti, avec du Sangiovese. Il me faut plus une histoire qu’un bon vin peut être.

Ce sera:

Il a avec lui le fait de me rendre heureux juste en existant, d’être rester une semaine dans la bagnole, d’avoir fait le tour de l’Italie avec moi, l’histoire est bien là. Au moins pour moi. Un petit bout d’histoire.

Et pour ce qui est du vin .. C’est très bien. Tout simplement. Sans folie, en transparence. Un quelque chose un peu dilué, mais ça bouge en bouche, ça glisse le long de la gencive, ça laisse une belle note persistante.

Tout sur le fruit même si on sent un léger passage en fut.

Pas un grand vin, sans aucun doute mais ne serait ce qu’arriver à ne pas trahir un voyage c’est déjà bien assez. C’est déjà très bien

Du vin Grec

Il y a maintenant presque un an j’ai eu l’immense chance de passer une semaine à Santorin. Une semaine à grimper les 600 marches jusqu’à Oia, à rêver devant les petits villages aux coupoles bleues, à farnienter sur une plage de galets noirs.

Une semaine à boire beaucoup aussi. Premières vraies vacances d’adulte, premières fois à profiter de tout les privilèges qui vont avec. Un verre de vin en permanence à la main.

J’étais pas encore pleinement à fond dans le vin, j’écrivais pas encore dans un petit carnet mon regard sur une bouteille, je m’indignais pas encore du gout du soufre, je pensais pas encore faire un blog bizarre.

Du vin au cubi alors, du rosé trop frais, du rouge un peu acide. Le verre où on paye la vue plus que le contenu. Mais qu’importe? Du vin grec, élevé au soleil des murs blancs. Un petit gout de folie, d’envie


Depuis je cours à la recherche de ce sentiment. Forcément il vient des vacances, du dépaysement, de l’ailleurs.

Mais pourquoi pas le chercher dans le vin?

Ça fait donc deux fois que je vais voir les amis avec qui je suis parti, une bouteille de vin grec à la main.

Un blanc, un rouge. Trouvé dans une adresse géniale qui a ouvert il n’y a pas si longtemps dans ma petite ville

Le Buste et L’oreille

Offre très bien pensée de vin bio/biodynamique et de vin nature

Et quelques vins étrangers. Dont ce vins grec rouge dont je parlais brièvement ici:

Premiers Mots

Moschomavro 2017

Si j’en crois leur page sur ce site Thomas Ligas s’est installé dans le nord de la Grèce au pied du mont Paiko en 1988. Depuis le domaine, de 7 hectares, expérimente, passe en bio et dans une logique évolution se tourne vers le vin naturel.

Et le résultat est bluffant. Ce Muscat Noir est une vraie surprise.

Je pense que ce qui a tant saisi mon amie c’est cette fraîcheur, cette évidence en bouche. Très classique pour l’amateur de vin nature mais quelle claque quand on est habitué au souffre. Encore plus dans cette bouteille. Ca pourrait être du jus de fruit, avec plus de présence. Fruits rouges. Pas une note, pas un truc qu’un œnologue irait chercher très loin dans un verre qui sent le copeaux de bois. Non non. Tout en évidence.

Peut être trop. On est loin du vin discret. Ça s’assume, ça pourrait presque faire artificiel comme saveur si ça ne se buvait pas si facilement.

Première fois que je tombe sur un vin qui est aussi affirmé dans des notes d’habitudes associées à de la finesse. Dans l’alccol, dans le bois, dans le tanin on est habitué. Ici vraiment l’impression d’un jus aux fruits rouges

Très surprenant. Belle claque.

Envie de fouiller, de goûter d’autre Moschomavro afin de comprendre quelle part viens du vigneron et celle du cépage.

Un appel à des nouvelles choses. Un blog, un nouveau verre, un nouveau voyage.

Ha ça donne envie!