C’est pas Graves

J’ai une amie qui dit toujours « C’est pas grave »

Et elle a raison, c’est rarement très grave. Alors on s’est dit qu’on allait prendre cette bouteille et la siroter dans nos vignes (oui, il y a des messages subliminaux dans les articles 2020 de ce blog).

Mais là! Ça aurait été dramatique de passer à coté. Ce qui aurait bien pu m’arriver, déjà de base le jeu de mot avec l’appellation m’est bien passé au dessus puisque je suis une bille en Bordeaux. Et à priori Merlot, Cabernet Sauvignon c’est pas tellement ce dont je raffole. Mais c’est pas grave, prenons là, ça fera un beau pique-nique.

Quelques fromages, aux pieds d’oliviers sublimes, moment de pause pendant la taille.

Pour les pignoufs comme moi qui n’y connaissent rien en Bordeaux, Graves c’est donc une appellation de ce coin là, le long de la Garonne, composée de gravier, de Merlot et de barriques neuves. Et ce vin vient de là, même s’il dit l’inverse, parce qu’on lui a refusé l’appellation. Tant pis

Dans ma tête pleine de préjugés y a donc la peur d’avoir un vin confituré, très mur, très boisé. Peut être même vanille ou tabac quoi. Un peu lourd en somme.

Evidemment, on est loin de ça, y a un fruit bien mur oui, mais qui ne te chope pas par l’alcool mais par le fruit, jus de raisin. Y a bien un peu de confiture mais celle de mère grand, gout oublié. Un peu de bois mais celui de la forêt quand on va chercher les champignons le dimanche.

Ça se boit tout seul, je sais je dis ça de tout les vins, mais y a ici le joli twist que ça a quand même la gueule d’un Bordeaux, on est pas sur une macération carbonique, ça pourrait même plaire aux cinquantenaires un peu coincés.

Vin de pique-nique ou de dimanche midi en famille quoi.

Vin de printemps précoce.

Même qu’il fait trop beau et que ça fait pas un mois qu’on s’occupe de vignes et qu’on est déjà inquiet du climat.

Mais c’est pas grave. J’imagine .

J’espère…

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2020, Il Fait Soif

Bonne année!

On est le 25 janvier, autant souhaiter joyeux noël aussi. Comme ça c’est fait.

On est le 25 janvier et j’ai envie de manger 2020, de boire cette année, de la fêter et de la célébrer.

2020 j’ai soif, très soif.

Soif de vin, de rencontre, de passion, de discussion, d’action.

Du vin on en parlera, on en boira, on en fera même peut être en 2020. Pourquoi pas? On verra. On traînera dans les vignes, c’est sur, on s’allongera contre, on les embrassera.

En ce moment je taille la vigne, quelque part près de St Rémy de Provence. Ça me donne soif. Soif d’en faire plus, soif de voir les bourgeons débourrer, les feuilles sortir, les raisins mûrir.

Mais pour l’instant la vigne dort, le sol se repose.

Je sais pas si ce billet est trop clair mais j’ai soif. Très.

Et j’arrive pas à me rassasier.

Alors cette bouteille tombe à pic:

Cette quille je la vois depuis un an. Dans toutes les caves où je vais je la vois, je m’arrête toujours un peu devant son étiquette, je me dis (où je m’exclame selon avec qui je suis) qu’il est bien moche ce trait de peinture, puis je pense qu’il fait soif c’est vrai. Mais j’ai la certitude de la retrouver ailleurs cette bouteille, alors je la laisse là.

Et puis, et puis merde, un jour faut bien la prendre, faut bien voir ce qui se cache derrière cette etiquette et cette promesse d’un verre désaltérant.

Déjà ce vin il fait 13,5°. C’est quoi cette histoire? Je voulais un vin rouge léger qui me rappelle l’été, les fruits à venir, l’ombre des feuilles. On a soif d’accord mais on va pas boire ça comme un verre d’eau.

Alors on se penche, un peu hésitant, au bord du verre, on hume un peu. On a bien fait d’être prudent, on aurait pu tomber dedans tellement c’est saisissant, plein de fruit, de fruit d’été, ces baies dont on oublie le gout le temps de l’hiver. C’est presque émouvant d’ouvrir ça en cette saison, ça rappelle des souvenirs qui viennent de passer et des sensations qui reviendront seulement dans quelques mois.

Et en bouche? En bouche on refuse de croire ses yeux qui lisent 13.5°, on ne sait plus quel sens croire

Acidité? Volatile? Savoir faire?

Je sais pas si je comprendrais un jour la magie autour de ces vins bourrés d’alcool qui se boivent comme du petit lait mais c’est souvent mes plus gros coup de coeur.

Celui ci déroge pas à cette règle, bien au contraire.


Enfin tout ce que je voulais vous dire c’était bonne année, ce blog est pas mort je vais encore me pâmer devant quelques bouteilles, et cette année on va faire milles choses. (genre, mais genre faire du vin hein, au cas où l’info soit trop discrète).

A bientôt!

Cantillon

Pour moi la bière c’est la boisson facile. Quand il fait trop chaud pour un vin rouge, trop triste pour un champagne ou trop heureux pour un whisky. La boisson sans trop y penser, sans trop s’y attarder.

Cantillon est-ce encore de la bière?

Déjà il y a un bouchon en liège. Qu’est ce qu’il fout là?

Ensuite ça sent le vin à mort.

Et ça n’a rien de facile.

Tant mieux.

Cantillon ce serait le joyau de la bière Belge. La bière à une époque ça devait ressembler à ça , des arômes de levures, de céréales, l’amertume qui chatouille le nez. Une boulangerie artisanale au petit matin. Des arômes vineux, acides et fruités, puissants et secs, méchants et charmeurs.

La Kriek c’est 200g de cerise par litre,la Rosé de Gambrinus même chose avec des framboises. 5 Cantillon par jours et vous serez en bonne santé. Le fruit explose en bouche, y a un quelque chose aérien, très léger, ça ne reste pas sur la langue, ça vient sur le palais joyeusement. Et au moment où on commence à rêver d’été le liquide devient tranchant, l’amer de l’houblon prend au corps et réchauffe.

La bière fraîche de l’été, la bière puissante de l’hiver.

Le tout en levures naturelles, fermentation spontanée, élevée en fûts, à boire dans de magnifiques bouteilles millésimées de 37.5 cl après un coup de tire bouchon. Moi j’y comprends rien mais on serait sur un produit de qualité que ça ne m’étonnerait pas.

Dommage c’est une galère à trouver … Sinon on en ferait bien son quotidien

Le Spumante à l’aveugle

-Francese?

-Si

-Come here Asterix, you’re gonna see something amazing »

Un Italien dans un bar

Bon, on a assez dit qu’il y avait quelque chose de magique autour du vin. Ce blog ne parle que de ça, la Bible et Baudelaire aussi.

Peut être à voir avec ses senteurs d’encens, sa couleur ténébreuse, son gout de mystère. Sans doute avec sa facilité à rapprocher les gens.

Ce soir là il y avait un peu de tout ça. Une femme de vigneron italien, quelques restaurateurs, un français, une néo-calédonienne, un Australien, Dieu et Baudelaire

Autour d’un seau à glace et trois bouteilles cachées sous un voile noir.

Du vin, du mystère et des hommes


Après ce verre de Barolo je pensais la soirée finie. J’avais bien mangé, déjà bu un vin magnifique, rencontré des gens sympathiques et bien ri. La journée aurait pu se finir là qu’elle aurait déjà était parfaite.

Alors en sortant je regarde d’un air amusé mes rencontres d’une journée s’affairer en terrasse. Ils ont bien bu, ça se voit, ils ont une bonne longueur d’avance sur nous, mais ils ont de l’entrainement. Il y a dans le tas des restaurateurs qui auraient gagnés le prix de l’osteria de l’année, un instagrameur sur le vin et tout le petit monde dans mon genre qui navigue autour du milieu du vin. Je ne sais pas ce qu’ils font. Il s’échangent des billets de 50, rigolent, semblent se taquiner en italien, l’un d’eux prend une carafe plein de vin orange et en boit une lampée. La nuit est pleinement tombée, noire, sombre mais agréable. Le temps est bon et doux.

Une scène de film. La dolce vita qui aurait oublié l’amour et la légèreté et n’aurait gardé que le plaisir.

Alors que je vais pour leur dire au revoir un des restaurateurs me lance un regard de défi. « You liked our bottle? ». Un peu inquiet de ce que signifie sa question je lui répond que oui.

« Oh you’re about to love this »

Et il rigole en apportant trois bouteilles masquées par des chaussettes.

Et on est pris dans la folie de l’hospitalité italienne…


Je n’avais jamais fait de dégustation à l’aveugle. C’est vrai, vous lisez des articles écrit par quelqu’un qui n’avait jamais fait ça, ni de salon, j’ai même jamais bu de Bordeaux. Mais je me soigne, doucement. Sauf pour le Bordeaux..

L’avantage de la nuit, de la frontière de la langue, de leur folie et de mon calme de celui qui pense qu’il va bientôt dormir me permet de boire tranquillement, sans avoir à essayer de mettre des mots, sans avoir peur de dire des conneries.

Je peux donc librement tendre mon verre, qu’on remplit généreusement. Une fois, deux fois, trois fois.

Wow…

C’est bon. J’aime. C’est la seule chose que j’ai su repindre quand on m’a demandé ce que j’en pensais . « Mi piace ».

Mais encore ?


Les trois sont des bulles. J’imagine que ce doit être des Spumante. Ne sachant pas le but de cette dégustation je me demande si la deuxième bouteille n’est pas un Champagne qu’il faudrait reconnaître au milieu des pétillants italiens. Avant que Fulvio m’explique qu’un certain Nicola Gatta fait partie des membres de cette drôle d’assemblée. Il est vigneron. Et un de ces vins est le sien. Les autres connaissent bien ces trois vins et doivent deviner lequel est de Gatta et voir si à l’aveugle, sans sentiment, il sort du lot.

Le premier, à posteriori, n’est pas une claque. Je suis heureux de le boire, comme une petite souris qu’on invite à participer à une fête qu’elle pensait juste regarder de loin, ses notes de pailles me surprennent, mais il est dissocié, comme pas à sa place dans une ambiance trop folle pour un vin très sérieux.

Le deuxième, en arrogant petit francese, c’est du Champagne. C’est élégant, pure, net, ça appelle des huîtres, c’est légèrement salin, le gout de paille disparaît du verre pour laisser place à la poire, la mirabelle, l’amande en toute fin. Tout est en finesse, en nuance,toute la ville de Plaisance se tait pendant que l’on boit ce verre. Plaisance…

« Is this Chardonnay? » demande la nouvelle Calédonie, « please wait » répond l’Australie.

Et le troisième? C’est sauvage, fougueux, plus rustique peut être mais avec plus d’énergie, de passion, d’envie. Les bulles tapent contre le palais, ricochent, heurtent un peu mais cajolent ensuite, réconfortent, apaisent. L’alcool s’invitent à la ronde des saveurs, il est mordant, puissant, enivrant. Et puis une longueur… une longueur… L’Italie.


Moment de révélation:

Des cris dans la rue noire et vide, encore plus de rire, une personne la mine défaite, et des rires encore. « Ooooh Nicola! »

On me présente Nicola Gatta. Enfin on présente « Astérix » à Gatta.

Son vin c’est le troisième. Il a l’air content de lui. J’imagine qu’il peut. Je bafouille un remerciement pour son vin. Il me regarde l’air surpris, me dévisage, avant d’ouvrir un énorme sourire et de dire dans dieu sait quelle langue.  » Memoria (la deuxième bouteille) est meilleure ce soir non? »

Je sais pas. Si j’ai rebu du Gatta dans la soirée en traînant à ses cotés j’ai plus revu un verre de Memoria passer. Memoria c’est bel et bien du Chardonnay, tout le monde est d’accord pour l’élire meilleur des trois.

Je donne la médaille du plus marquant à Gatta par contre. Et pas juste pour le remercier des autres bouteilles qu’il allait ouvrir ensuite. Mais parce qu’il a la fougue de ce que je crois être les immenses vins.

Par contre, à la fin de la soirée, au début de la journée, je suis tombé sur une bouteille seule, laissée là au hasard. J’en ai bu la dernière goutte, seul, au hasard. Au calme. Cuvée 60, la première bouteille, était bien plus à sa place, toujours aussi peu bavarde mais plus agréable, plus appréciable. Toujours aussi sérieux.


Avant ce dernier verre il y a eu beaucoup de « juste un dernier alors » dans une langue que tout les amateurs de vin du monde comprennent. Beaucoup de pétillants, du Champagne aussi, pour faire plaisir au francese, pour encore prouver que l’Italie n’a pas à rougir surtout.

Le lendemain des photos pleins le téléphone, des bouteilles sans nom, des visages flous. Compliqué de remettre des émotions, des goûts sur la plupart des vins.

Soirée la plus folle de ma vie dont je vous laisse en lecture que le plus raisonnable. Le reste ne serait que « Ooooh mi piace! ».

Reste des souvenirs qui me donneraient presque l’impression de savoir parler italien.

Est ce qu’une fois que j’ai bien bu du spumante je deviens bilingue?

All’Utopia, Pié Franco

« Je veux pas faire le malin. Mais c’est un grand privilège de boire ça. »

Fluvio

La soirée est déjà bien entamée, on a bien mangé dans un « gastropub » à Plaisance, on a déjà bien bu. Je vais pour payer au bar, on s’attarde un peu sur les bouteilles, l’air rêveur. Fulvio passe par là, il s’arrête, nous demande comment s’est passé le repas. Fulvio on l’a rencontré plus tôt dans la journée, au salon du vin orange. Il a travaillé au Domaine Milan quelques jours, il y a quelques années. Et là il sirote des vins avec des restaurateurs italien. Ils ont l’air de passer une soirée folle, les bouteilles s’enchaînent.

Je lui demande s’il peut pas me recommander un dernier verre. Il me regarde comme si j’étais fou, réfléchit un instant et me chuchote « attends deux secondes ».

Il arrive, un verre à la main, me le tend un peu fièrement, comme s’il m’avait servi un trésor. « Je veux pas faire le malin mais tu me remercieras de t’avoir servi ça ». Et il repart tout fier de lui.

Ça avait un gout de mystère incroyable, de ces vins qui savent que tu ne les reboiras jamais et qui en profite pour te surprendre pour toujours.

J’ai rejoins leur table, timidement, pour voir ce que c’était.

Il y avait cette bouteille au milieu de la table:

La suite de la soirée m’empêchera d’en savoir plus sur ce vin, j’allais être pris dans une ambiance bien trop folle pour qu’on laisse un francese poser des questions à chaque verre qui allait être servi.

Alors en rentrant j’ai regardé sur internet, j’ai vu des prix hallucinants et ces mots  » fieri come un inno al coraggio e all’utopia « 

Et un mois plus tard j’ai encore le gout de ce Barolo contre mes lèvres.

All’utopia

Un Week-End Orange

Coup de tête: Action irréfléchie, inspirée par le désir, le caprice, le désespoir…

Ça a quel gout les coups de têtes? Entre le roquefort et le bouquet de vieilles roses.

Non attendez, je me mélange, ça c’est le gout du vin orange?

Tout ça se mélange dans ma tête après ce week-end. J’ai pris la voiture, en me disant que Plaisance c’était pas loin, franchi les kilomètres, la frontière. Puis le nom est joli. Plaisance…

Ce sera l’occasion de boire du vin orange pendant deux jours, de faire mon premier salon, de découvrir des vignerons passionnants, de poser milles questions.

Ça a quel gout le vin orange alors? Éléments de réponses à un salon du vin orange, une trentaine de vignerons et deux jours mémorables


Une vieille ferme « sperimentale » la Faggiola, des italiens les verres pleins d’un liquide orange qui parlent politiques, un vigneron qui joue de l’accordéon en fumant une clope, le décor est posé.

On rentre, l’odeur d’alcool, le bruit de la foule, on se réfugie à l’étage. L’odeur de pain d’épice, le bruit des verres qui s’entrecognent. Haaaa on est bien.

C’est mon tout premier salon alors je m’approche un peu timidement, « qu’est ce que je vais leur dire? », « qu’est ce que je fais si je n’aime pas? », « Qu’est ce que je fais si j’aime trop et que je ne veux plus jamais partir? » ..

Puis finalement, quand un des premiers verres c’est ça, tout va mieux, l’église au milieu du village:

Encore que cette photo ne rend pas du tout grâce à la couleur folle de ce pinot gris. « Mais c’est pas tellement orange? C’est quoi cette couleur tuilé? ». Oooh on va en voir des choses dans ce salon, tout est du vin blanc macéré avec la peau. En terme de palette de couleur on va donc de ce marron à un orange éclatant.

Et en terme de gout? Ce pinot gris c’est du thé noir, c’est sec, très sec, des notes de fleurs séchées, légèrement épicé et une pointe d’oxydation. La première claque du week-end. Il y en aura plein d’autre

Il parait qu’il y avait une trentaine de vignerons, je serais bien incapable de parler de tous, déjà parce qu’on a pas réussi à tous les voir, et puis quel intérêt?

Mes souvenirs ils sont pour Gigi Miracol par exemple et ses vins oxydatifs « laissés un mois au soleil » mais surtout son accordéon et ses jongleries. « Oh c’est toujours comme ça quand il est là, il met l’ambiance »

La timidité et la gentillesse du vigneron de La Poiesa, « Non c’est pas pour la poésie, c’est le nom du terroir ».

Ca pétille un peu en bouche. Pourquoi? « Le vin est comme ça, goûtez cette bouteille, ce sera encore différent. »

Trois bouteilles, même millésime, même cuvée, toutes différentes. Le vin nature, propre mais sauvage. Je sais pas quel gout aura celui que j’ai ramené mais je sais qu’il sera bon

Un crochet par la Slovénie? Pourquoi pas, il y a du fromage sur sa table. UoU, « Consorzio dei vigneti abbandonati », tout en dégustant un parmesan qu’on ne pourrait trouver en France, il nous explique qu’ils s’occupent de vignes abandonnés qu’il sauvent, leurs redonnent une jeunesse puis en font des vins sans ajouts. Si leurs oranges sont très jolis, pleins de fruits exotiques, j’ai eu surtout une belle claque sur le Merlot. « Vous êtes français? Ça va vous plaire ça, comme Petrus! ». On en reparlera. En tout cas je meurs encore plus d’envie d’aller à la frontière Italo-Slovène.

« Je veux prendre une photo avec des français moi! ». Castello di Stefanago à mon avis c’est des faux rigolos. Sous leurs sourires, leurs tapes dans l’épaule et les embrassades ils produisent des vins très sérieux. Nature, sans intrants, sans aucun doute, mais précis. Des « bianco » frais, minéral, tranchant, des pétillants généreux en bulles mais avec une vinosité et une acidité merveilleuse, des « vini macerati » épicés, secs mais qui réussissent à être gourmand. Le rire et le savoir faire.

Puis la merveille des merveilles. « Vendemnia d’Autunno ». Des raisins gorgés du sucre des étés chaud, récoltés le plus tard possible. Une toute légère macération. Et un résultat indescriptible. « On essaie pas de concurrencer vos Yquem ». On est très loin de l’image que j’ai des vins doux, une impression de sécheresse en début de bouche qui vient être résolu par un bonbon qui se pose sur la langue, enveloppe le palais. Ça danse en bouche. Ce vin crée une tension par son entrée et la résout de lui même. C’est peut être pas clair. On avait le palais plein de dizaines de vins, Vendemnia d’Autunno a nettoyé tout ça, légèrement brûlé, juste pour donner envie de boire, avant d’apaiser cette sensation au moment où il se révèle doux. Puis une longueur avec tout le bouquet qu’on les vins de macérations, des épices, du fruit confits. Monstrueux

Autant dire qu’on devait avoir un sourire niais quand il nous a pris dans ses bras pour une photo.

En voyant cette photo je me dis que l’évidence aurait été de lui demander pourquoi ces noms grecs… C’est même pas venu dans la discussion géniale qu’on a eu. Pistis Sophia fait partie de ces vignobles où j’ai pas d’autres mots que « folie » pour en parler. Pourtant c’est le pire mot possible. Sans aucun doute pas une once de folie chez le vigneron, au contraire c’est très sérieux, très sensé, très réfléchi. Mais a Pistis Sophia on magnétise le vin. Les limites de notre italien nous trahissent ici car je suis pas sur de bien comprendre comment. L’objectif à priori est de rendre le vin encore plus vivant, plus riche. Et, au premier verre sans savoir encore tout ça, on s’est exclamé que c’était l’Orange le plus surprenant du salon, extrêmement vert, l’impression de croquer dans des herbes de Provence. « Mais non, c’est très simple ».

Je sais pas mais c’est bon. Et c’est un bon exemple de la douce folie de ce salon, beaucoup de vignerons peu connus, des jeunes qui tentent des choses, des vieux sages qui suivent la tradition et Gigi Miracol qui jouent de l’accordéon à ses vins.

J’imagine que tout ça peut prêter à rire, déjà que le vin nature et peut être encore plus le vin orange font sourire. Ma présentation joue dessus en plus, comme chez Rapatel, je suis désarmé par cette ambiance, ça bouge dans tout les sens, ça bouge les sens, ça pétille d’idées, d’envies et d’énergies. Ça pétille dans nos verres. Parce qu’évidemment l’essentiel, j’imagine, est ce qu’on boit. J’imagine. Et si c’est ça le plus important alors ce salon était une réussite. Si ce qui est réellement essentiel c’est les rencontre alors ce salon était fou.

Mais il fallait bien partir. Oh on avait pas envie. On s’est posé sur une table dehors, pour profiter encore un peu de l’air italien. Un air aux notes épicés et fruité. Je m’abstiendrais bien de répondre à la question « Quel gout ça a le vin orange? », ce serait comme essayer de dire quel gout a le vin blanc. Mais ici à Podenzano on a pu voir la profondeur de la palette de cette couleur.

Et puis le meilleur pour la fin. « Here’s a present for you guys ». Le mec qui nous pose une bouteille de son vin, l’air de rien, c’est Claudio de la Distina. Peut être le vigneron le plus jeune de ce salon, la trentaine, visiblement bien content de voir des jeunes et pas que des « bureaucrats ». Il s’est installé il y a à peine quatre ans, pendant « le pire millésime possible », avec la volonté de faire « tout simplement », les vins qu’il aime.

Ce vin il porte le nom de sa grand mère, il est dans nos verres qu’on porte à nos lèvres, il porte nos sourires tout le long de ce week-end. « And you drink it now, right now! ». Et Claudio s’en va, nous laisse sur la terrasse de la Faggiola. Nous laisse profiter du vin le plus instantané, évident du salon. Une explosion de fruits exotiques, de fruit de la passion, de mangue.

Le vin plaisir.


Mon grand malheur c’est que je ne parle pas de tout le monde. Faute d’être réellement capable de mettre des mots sur des échanges trop court, sur des vins bus alors que j’étais bien trop fatigués. Alors on reviendra sur certain, sur ceux dont j’ai emporté des quilles, sur ceux qui traverseront mes souvenirs par surprise.

J’y reviendrais.